Salsa du démon

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Histoire anglaise, face à un dessert, euh…, anglais, le sticky toffee pudding. Un gâteau spongieux qui baigne dans une sauce démoniaque, une sauce toffee m’avait-on dit. J’ai longtemps cherché comment faire cette sauce, délaissant le gâteau qui va avec soi-disant, questionnant dans les pubs, fouinant dans les livres de cuisine anglaise. Le démon m’a pisté et n’a eu de cesse de me compliquer la tâche dans cette entreprise. Presque pire que de percer le secret des chips salt & vinegar. Je me souviens avoir fait des tentatives, mêlant des instructions contraires. Et puis un jour, j’ai obtenu un résultat, je ne sais plus comment. Je peux juste vous dire que ce n’est pas un caramel, que ça me semble plus facile et que je fais la recette à main levée. Voilà l’idée.

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Ingrédients, pour un pot :

80g de beurre salé,

160g de sucre muscovado, celui là et pas un autre, brun, non raffiné, presque de la mélasse,

Une pincée de sel si le beurre n’est pas salé,

Un trait de lait ou de crème.

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1. Mettre le beurre et le sucre dans une casserole. Chauffer à feu doux, sans cesser de remuer avec un fouet. Le mélange ne doit pas « cuire » mais le sucre doit être bien fondu dans le beurre, sans plus de cristaux.

2. On arrête le feu lorsque le sucre et le beurre sont bien mêlés et que le mélange commence à prendre une consistance sirupeuse et onctueuse et un aspect brillant. Ça prend 5-6’ maxi.

3. Hors du feu, ajouter un peu de lait ou de crème. C’est là qu’apparaissent les démons.

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La version chaude fonctionne bien avec des pommes au four, glaces, tartes, pains perdus, que sais-je, avec tout c’est bien le problème.

Refroidie, dans un pot, la sauce se raffermit un peu, pour tartiner, manger à la cuillère en douce, mais se réchauffe bien avec un peu de délicatesse.

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Ne pas rester seul(e) avec le démon. Appeler un ami, liquider le pot à la moindre occasion sinon vous pouvez y passer.

Pour Fanny, qui aime la danse et fait des crêpes pour régaler tous ses frères.

Pour Audrey, qui voulait en savoir plus sur cette affaire.

Yellow Pesto

 

A condition de trouver des citrons bien cueillis, bien mûris, dignes de ce nom, on peut imaginer en exploiter les zestes et la pulpe pour les faire devenir pesto. Ils feront une vive et agréable concurrence au traditionnel basilic. Mais c’est tout autre chose, sauf que la recette est la même.

Ingrédients :

Le zeste de trois citrons et la pulpe de l’un d’eux,

2 cuillerées à soupe de pignons de pin,

1 ou 2 gousses d’ail,

1 verre d’huile, d’olive, par exemple,

100g de parmesan, grossièrement râpé,

Du sel, du poivre, éventuellement.

 

Tout mixer, lentement mais sûrement, jusqu’à obtenir un mélange lisse, presque émulsionné.

Mettre au frais quelques heures avant de tartiner, dipper.

Il peut aussi devenir sauce pour accompagner tout ce qu’on veut, napper des pâtes, agrumer une vinaigrette, vitaminer un sandwich.

Une variante du printemps, avec l’ajout d’une poignée de jeunes feuilles de tilleul, qui lui redonne une teinte verdâtre et une texture veloutée.

Inspiration, source : largement inspiré de La bible des Agrumes, Mélanie Martin – éditions Hachette Cuisine. Validé par les amis.

Pain de blé noir infini

Une envie de sarrasin qui porte si bien les saveurs de la terre. Ce pain est facile à faire, il ne coûte pas cher, il a une texture incroyable, pain mouillé, spongieux, du gâteau. Il faut juste patienter entre les étapes et prévoir son coup deux jours avant de déguster.

Et commencer par s’approvisionner en graines de sarrasin (non torréfiées).

Ingrédients :

600g de graines de sarrasin,

18-20cl d’eau,

2 cuillerées à café de sel de mer,

De l’huile pour graisser le moule,

Des graines de pavot, ou de sésame ou de nigelle ou autre.

1. Faire tremper les graines de sarrasin dans un grand volume d’eau pendant 8 à 12h.

2. Bien égoutter.

3. Mixer les graines avec le sel et l’eau pendant 1 ou 2 minutes. Le mélange doit avoir la consistance de la pâte à pancakes, bien lisse.

4. Verser dans un saladier non métallique et laisser fermenter à température ambiante (pas trop chaud) couvert d’un torchon, environ 24h.

5. Graisser un moule à cake avec de l’huile et tapisser de graines de pavot. Verser la pâte. Le mélange a pris une texture mousseuse.

6. Laisser reposer 2h environ.

7. Préchauffer le four à 205°C, enfourner et baisser le thermostat à 175°C. Cuire environ 1h.

8. Sortir le pain et le laisser reposer un quart d’heure dans le moule.

9. Démouler et laisser refroidir avant de le couper et de le manger.

Inspiration, sources : cette recette vient de Céline qui la tient de Sandor Ellix Katz dans son merveilleux livre Fermentation Naturelle – éditions Ulmer, qui la tient lui-même de Anke et Roberto de Conscious Catering

A partager, ainsi, à l’infini.

Farci charentais et autres trucs verts

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J’aime ce truc tout vert, qu’on peut tenter de remettre à la mode mais qui reste rustique, se mange plutôt comme un pâté de campagne, froid, avec du pain, tout simple. D’ailleurs c’est un pâté de campagne. Mais vert. Un hachis de légumes et de feuilles. La farce, ce n’est que du vert. De la verdure du jardin ou des champs. De la verdure des chemins, des bois ou des marais si vous en trouvez. Mais je crois que le critère, c’est vert. Un farci vert. Et charentais. S’il est réussi, il donnera à la tablée l’allure d’antan et le goût des Charentes. (Voilà comment voyager autrement). On pourra sortir l’opinel et tartiner. On fera comme on veut. On pourra dresser joliment pour faire un farci de fête, peut-être comme pour celle des battages. Je vous laisse voir. Mille familles, mille versions.

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Version de base, simplifiée, pour une terrine.

Les feuilles et légumes verts réduisent plus ou moins à la cuisson, alors, le principe, c’est de combler la terrine que vous avez choisie avec les légumes cuits.

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Ce peut être environ 300g d’épinards + 3 ou 4 beaux poireaux. Mais tout aussi bien des blettes, de l’oseille, des bettes maritimes, des baraganes, des fanes de radis, de navets, de chou, du persil, de la ciboulette, de l’aillet, des asperges, feuilles de salades, le vert des oignons, une cueillette de pissenlit, de plantain, de maceron, d’orties. Ainsi, de goût, il peut passer de doux à intense.

Tout émincer et tout cuire dans l’eau bouillante. Bien bien égoutter.

Ajouter au mélange de légumes 2 oeufs battus et un peu de lait (un verre). Assaisonner, notamment de poivre. Verser dans une terrine (huilée). Enfourner 150°C suffisent, 3/4 d’heure environ, ce peut être 1 heure. Il faut qu’il se tienne.

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Customisations.

Déjà, pour la petite liaison, la crème peut remplacer le lait ou bien le lait peut être additionné d’un peu de fécule.

Il y a aussi cette version, assez courante et que l’on voit chez les charcutiers-traiteurs notamment, avec du lard ou des dés de jambon.

Cette version en rejoint une autre, qui consiste à faire revenir des oignons dans du beurre, de l’huile ou du saindoux. Ainsi que le lard.

D’autres vont plus loin encore, en faisant tout revenir dans une cocotte avant la liaison à l’oeuf et la cuisson au four.

Plutôt que d’ajouter du lard, la version avec des oeufs durs placés au milieu du mélange fait son petit effet à la découpe. On voit aussi des ajouts de mie de pain rassis au mélange de légumes.

Dans le genre avec « pépites », je propose la version avec des gousses d’ail précuites, entières.

Un farci vert peut être poitevin aussi. Eux font cuire leur farci dans des feuilles de chou. Emballé, ficelé, cuit dans un plat au four ou plongé dans un bouillon.

Les aveyronnais ont une recette similaire dans laquelle ils ajoutent des pruneaux.

Bref. C’est infini.

Sources : carnets de cuisine et discussions croisées avec quelques charentais(es).

Ecoute, écoute.

Au lieu de lire, on peut écouter-voir aussi.

Explorations végétales, un podcast pour mettre un peu de nature, de végétal, dans nos oreilles.

Cet épisode est une découverte ou une redécouverte du quartier de Bacalan, à Bordeaux. Avec les habitants du quartier, Jean-Luc Martineau du Jardin Botanique de la ville, Fanny et Lucille du Bordeaux Food Club.

A suivre…

Le lien pour choisir son application (deezer, spotify, apple podcast, soundcloud,…) pour écouter, s’abonner, faire passer : ici.

 

Terroir

D’après Max Derruau, La Grande Limagne auvergnate et bourbonnaise, 1949.

« Un territoire cultivé

se distinguant de ses voisins par des caractères particuliers

d’ordre physique

ou d’ordre humain :

un relief particulier,

un micro-climat, ou si l’on préfère un climat local,

un sol,

un dessin parcellaire,

et une utilisation culturale. »

Vin de noix (vertes)

Saison à ne pas manquer pour agrémenter les étagères d’une belle épicerie, celle des noix vertes. Pour faire son vin de noix.

A régulièrement arpenter la campagne, on les voit arriver, autour de la Saint Jean, dit-on. Même si dans les carnets des grands-parents, on trouve sous l’intitulé de « vin de noix » plusieurs versions : avec des feuilles de noyer, des noix vertes ou sèches, à base de vin blanc ou rouge… A chaque famille sa recette semble-t-il. Dans un pays producteur de vin rouge, de noix et d’eau de vie, j’ai choisi de tester la version avec des noix vertes, dont la période de récolte approche. Juste assez de temps pour réunir les ingrédients et si possible un contenant qui offre plusieurs bouteilles pour la consommation de l’année, jusqu’à celle de l’année suivante ; une dame-jeanne pourrait faire l’affaire. Car il faut prévoir de patienter 9-10 mois minimum.

Base pour environ 2,5 litres de vin de noix :

– contenant(s) en verre (bocaux, bouteilles, dame-jeanne),

– 2 litres de vin rouge, pourquoi pas jeune,

– 20 cl d’eau de vie,

– une douzaine de noix vertes cueillies autour de la Saint-Jean (fin juin),

– une gousse de vanille éventuellement,

Etape 1, macération

Concasser les noix vertes et mettre tous les ingrédients dans des bocaux ou une dame-jeanne, bien fermés. Laisser macérer 6 mois dans un endroit frais. Admirer l’évolution, jusqu’à fin-décembre, minimum.

Etape 2, filtrer, sucrer

Avec une passoire fine (étamine), filtrer la préparation et y ajouter 350 g de sucre. Bien mélanger avant de remettre dans les bouteilles, bocaux ou autre. A nouveau, attendre. Mélanger souvent et attendre encore, pendant 3 mois. Vers la fin-mars, mettre en bouteilles si souhaité, prêtes à offrir ou à déguster.

 

Du lait. De la vache.

Avant la bouteille, la brique : le lait,

avant le lait : la vache,

avant la vache : quelle vache ?

Et avec cette vache : ce qu’elle mange, où elle vit…

La ferme

Chez Philippe et Mathieu Renaud à Baignes-Sainte-Radegonde. Visite pour remettre les choses dans l’ordre.


La vache est un herbivore. Un grand élan de simplification et d’intensification de la production ces dernières années nous l’aurait presque fait oublier. Philippe Renaud, fut embarqué dans ce mode de production où l’industrie semble résoudre les problèmes ; elle les crée, avec des solutions clés-en-main pour tout traiter. Des budgets pour nourrir, des budgets pour les semences, des budgets pour les pesticides, des budgets pour soigner… un produit vidé de son sens, de son goût, des bêtes qui développent des problèmes de métabolisme, un fermier que cela rend malade.

Et si on recommençait ? Un grand élan de bon sens et de clairvoyance sur ces années écoulées et Philippe Renaud reconsidère la question avec son fils : et si on leur offrait de belles prairies à ces vaches ? Pendant toute la phase de conversion, les étapes se font les unes après les autres, sans impatience mais avec des résultats tout de suite visibles. Quelle satisfaction ! « Franchement, c’est du velours la bio, pour nous-autres éleveurs ! On s’amuse. »

Les champs autour de la ferme sont beaux, gras. Ils ont bien résisté à la chaleur de l’été, fournis de luzerne mais pas seulement. En observant plus précisément, ce sont des dizaines d’espèces qui se complètent, se côtoient, se compensent, s’associent. Le sol est visiblement plus vivant, se régulant désormais plus naturellement. La question des semences a été reconsidérée dans la foulée. Le fermier travaillant actuellement à produire ses propres graines, « comme on le faisait autrefois ».

A l’étable en ce début d’automne, des Normandes, des Montbéliardes, des Jersiaises. Les vaches vont mieux. Plus de problème de métabolisme, elle digèrent comme elles auraient toujours dû le faire. Elles ruminent, comme des vaches… Formidable.

Next. Le lait.

Qu’est-ce qu’on lui fait au sortir du pis ?

Après la traite, le lait est cru. Naturel, vivant. Il est riche !


Dans les magasins, il a un bouchon jaune. Ce qui signifie qu’il a juste été réfrigéré, de la température du corps de la vache à 2-4°C.

Par la suite, il lui est souvent infligé diverses manipulations à visée de confort. Toujours cette idée du confort qui nous emmène bien loin de la santé, du goût et de l’intuition… Pour faire simple :

  • homogénéisation : par très haute pression, on éclate les molécules de matières grasses. Elles ne forment plus cette couche de crème qui flotte au-dessus du lait. Elles deviennent des particules fines qui passent assez directement dans le sang.
  • filtration (ultra-, micro-) : grille qui enlève une grande partie des bactéries du lait, utiles ou pas. Pas très subtil.
  • pasteurisation : traitement thermique, rapide, qui détruit toutes les protéines sensibles. Il ne reste plus grand chose de vivant dans un lait pasteurisé (cf les analyses réalisées par Véronique Richez-Lerouge dans La vache qui pleure). Marqué UHT.
  • pasteurisation au bain-marie : c’est le couple montée en température/temps qui compte, le bain-marie est ainsi moins destructeur.
  • écrémage : isoler la crème pour standardiser le taux de matière grasse dans le lait – ou fabriquer la crème ou le beurre. Cf la couleur des bouchons, rouges, bleus, et dramatique, vert…

Alors évidemment, quand on cumule les procédés, on arrive dans les rayons assez loin de l’idée de lait. Les parfums, l’onctuosité, les vertus… Bye-bye.

Merci à Philippe Renaud, de Côté Ferme, qui nous fournit du bon lait cru, notamment sur les marchés de Bordeaux, Cognac, Barbezieux. Certifié BIO, certifié bon accueil, certifié beaux champs-belles vaches. Merci de prendre le temps d’accueillir les curieux et gourmands.

Merci à Véronique Richez-Lerouge qui se penche sur nos bons fromages, et donc sur nos bons laits. Son livre-enquête : La vache qui pleure (Editions Nouveau Monde).

Pour retrouver le plaisir du lait : recette des oeufs au lait.

D’humus à humilité

by BG

Et bouse. La biodynamie est si porteuse qu’on en parle beaucoup, jusqu’au petit théâtre de Michel Onfray, un philosophe, pensez-vous, qui cite Nietzsche, Kant et Bachelard. Et ça donne un monologue qui ne nous aide pas, ni à mieux comprendre, ni à se faire une vraie bonne idée sur le sujet ; à la limite de ce que j’attends d’un philosophe. Bref, retour à la vraie vie, pour rencontrer des vrais gens, qui font des vraies choses avec leurs vraies mains… Et avec humilité (de humus, terre). Le temps calme d’une conférence au milieu d’un champ, les pieds dans l’herbe, intitulée « approche biodyamique de la vigne et du vin » autorise toutes les questions, même celles des non-initiés. Les trois invités présentent leur vision et leur interprétation de la biodynamie. Quelques notes au retour du salon Tech & Bio, à Mortagne/Gironde, 6 juillet 2016. Organisé par la Chambre d’Agriculture.

A la radio, il y avait un philosophe. A la campagne, il y avait trois sages.

Le guide, Jacques Fourès

Accompagnateur des démarches biodynamie en viticulture et agriculture. Egalement au CA de Demeter. A participé à la révision du cahier des charges viticulture. Président de l’association Aquitaine Biodynamie (adhérente à la fédération nationale le MABD)

Comment définirait-il la biodynamie ?

Proposée par Robert Steiner, il y a 90 ans, il s’agirait d’une agriculture basée sur l’observation. Du sur-mesure. Ces dernières décennies, trop industrielles, ont beaucoup abîmé : supprimé les haies, endommagés les fossés, contribué au tassement des sols. Et même des terroirs très renommés, avec ces méthodes, ont en a fait une utilisation un peu tronquée.

Equilibre des sols ?

En cultivant en biodynamie, on retrouve des équilibres différents (analyses à l’appui), des pH plus bas et un travail redevenu intéressant. On redonne la main au chef de culture, plutôt que d’appliquer un programme tout fait. Objectif : activer tout ce qui est vivant, les sols, les plantes, les animaux. Cela devient possible en créant de petits écosystèmes équilibrés, des paysages, un fonctionnement autonome. Pour harmoniser, il s’agit de créer des liens, trouver un équilibre satisfaisant.

A cela, rien de quantitatif, on travaille plutôt sur des impulsions. Si l’on reconnaît aisément certaines forces, comme la lumière, la chaleur : il y en a d’autres, que l’on peut essayer de capter.

 

Le vigneron, Alain Moueix

Exploitant depuis 2002 au Château Fonroque à Saint-Emilion et plus récemment du Château Mazeyres à Pomerol.

Plus généralement, que serait qu’un bon vin ? Ce serait un vin qui fait du bien.

Lorsqu’on lui demande de définir sa vision de la biodynamie, il mentionne quatre piliers :

  • Harmonie ; tout compte, les sols, les hommes, la plante. Les trois !
  • Approche holistique,
  • Observation,
  • Accompagner la nature et non la dominer.

Et pour agir, il se limite à deux leviers :

  • L’environnement proche : les préparats
  • L’environnement lointain : le cosmos

Les raisons de son choix :

  • Mettre l’homme à sa juste place
  • Préoccupations environnementales
  • Pérennité (transmettre)
  • Exprimer son terroir
  • Authenticité : valoriser son terroir, certes, pour autant que l’on soit précis au chai.

Conséquences, observations :

  • Sur les humains : ceux qui travaille à la vigne en premier lieu, mais pas seulement.
  • Sur les sols : plus souples, moins d’érosion, …
  • Sur la biodiversité : c’est visible !
  • Sur les maladies : moins !
  • Sur les équilibres : la vigne a besoin de s’habituer, aussi.
  • Sur les cycles : ils évoluent. 
  • Sur le pH : plus bas, on utilise moins de soufre
  • Sur les expressions

Bien entendu, il y a des contraintes associées :

  • Investissement : le temps d’observer
  • Présence dans les vignes
  • Personnel disponible les we… “Mais serait-ce contraignant d’aller répendre une silice de corne le matin au lever du soleil ?…”
  • Financièrement : équilibre économique difficile à trouver sur les appellations à faible valeur ajoutée
  • Matériel technique

Aux producteurs qui hésiteraient à se lancer, Alain Moueix cite, lui, Sénèque : “ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles”.

 

Le biologiste, Michele Lorenzetti

Etudes de biologie. Il a appris aux côtés de Carlo Nero. Viticulteur et oenologue. Mise au point de préparations biodynamiques et ouverture de l’école d’agriculture byodynamique à Rome.

Présentation très orientée sur les préparations :

> Corne, c’est le contenant qui permet à la terre de rentrer en communication avec le sol. Composée de plus de 600 micro-organismes différents. Un outil pour bâtir l’humus du sol.

> Deux préparations principales :

  • La 500 : bouse de corne, humus pour construire la structure biologique des sols . La fiche sur le site de Demeter.
  • La 501 : silice de corne, lumière, processus de constitution des tissus de la plante. La fiche sur le site de Demeter.

Il n’est pas question de quantités : l’explication scientifique passe par l’idée du process. Le processus biologique et dans l’humain également n’est pas lié aux quantités. Comme pour la fermentation avec les levures, tout processus biologique a besoin de la substance et des conditions pour fonctionner.

A la base des actions dans les vignes : une observation simple. Les sols post-vendanges sont différemment structurés qu’au printemps. Ainsi, au vignoble, il définit deux saisons d’actions : le printemps et l’automne.

Au-delà du « bizarre » de ces démarches biodynamiques, notons dans cette approche la préoccupation permanente pour les sols. La vie des sols, l’équilibre des sols. L’humus. Le sol comme un allié. Le sol comme socle. Les sols pour des expressions aromatiques différentes des fruits.

Et Michele Lorenzetti de conclure sur l’influence du sol : il irait même jusqu’à transformer l’expression génétique de la plante, en travaillant sur son ADN.

 

Références :

Lien pour lire la lettre de Sénèque à Lucilius, Livre XVII, lettre 104

L’émission de France Culture, tristement intitulée « Théorie du fumier spirituel », Brève encyclopédie du monde, de Michel Onfray.

Mes notes complètes de la conférence, sur demande.

Aliment creux ?

Comme une évidence, les non-sens se dévoilent, dans la bouche de Denis Lairon, nutritionniste.

Quand en écoutant nos sens, nous mangeons plus juste. Quand avec du bon sens, manger redeviendrait un acte militant, pour la santé, pour le plaisir, pour l’équilibre de nos sociétés. Au filtre des « aliments creux ».

D’abord un aliment c’est deux choses : de l’énergie (calories – pour se dépenser physiquement, maintenir sa température…) et des nutriments (minéraux, fibres, protéines – pour être en bonne santé, se développer…). Fait intéressant à constater, il y a autour de nous de plus en plus d’aliments riches en énergie et pauvres en nutriments. Ce sont eux, les « aliments creux ». Plus ils sont pauvres, plus on en mange pour tenter, presque vainement d’y trouver ce que l’on cherche, des nutriments, et c’est de l’énergie que l’on ingurgite. Le comble !

Tout à fait le profil des aliments industriels en général. Ils sont souvent les moins chers et bien entendu les plus consommés. Difficile de les éviter dans notre société ; ils sont massivement distribués par les grandes surfaces, les chaînes de restaurants, les cantines, les épiceries du coin, les distributeurs automatiques, etc. Ils sont vantés par des campagnes publicitaires bien ficelées.

Les fruits et légumes

Ils auraient bien des qualités nutritionnelles, mais voilà que produits industriellement elles diminuent. Il y a cette sélection des espèces qui donne la priorité aux rendements. La résistance aux maladies. Et nous voilà avec des pommes Golden, bien présentables mais peut-être les plus pauvres en nutriments du marché. Aliment creux.

Pour tous les fruits et légumes, le circuit long, celui qui fait passer le fruit par des intermédiaires et parfois d’invraisemblables trajets, fait chuter le taux de vitamines C. Mais même sans considérer tout cela, un peu de confiance en nos sens et nous nous apercevrions qu’en général le goût est un bon indicateur des qualités nutritionnelles contenues par les fruits et légumes.

Formidable. Excellente nouvelle. Un fruit ou un légume serait bon (pour la santé) lorsqu’il serait bon (au goût) ! Et même beau, tant qu’à faire. Ainsi quand un fruit est cueilli à parfaite maturité, il est au top de son goût et de ses qualités nutritionnelles. Ce qui m’inspire deux questions : serions-nous idiots, gourmands que nous sommes, d’acheter et de consommer des fruits qui ont été cueillis bien trop tôt pour supporter tous les désagréments du transport ? Et si nous nous retrouvions simplement devant un cerisier couvert de fruits, ne ferions nous pas confiance à notre oeil pour choisir les meilleurs fruits, puis à notre palais pour conforter notre choix ?

Simple comme bonjour, retour à l’enfance, à l’instinct.

Les produits laitiers

Avant, les vaches étant des ruminants, mangeaient de l’herbe…

Maintenant, pour produire plus, les vaches sont couramment nourries avec des céréales ou du soja. Changement de races, importation de soja du bout du monde, pour augmenter les rendements. Et les quantités de lait produites augmentent en même temps que les qualités nutritionnelles diminuent. Passant rapidement sur les conditions de production des-dites céréales ou du fameux soja, du fait qu’ils ont traversé la planète pour parvenir jusqu’à nos pauvres vaches surexploitées, voire dopées. Et sans s’étendre sur l’inadaptation des espèces choisies à notre milieu. Pauvres vaches, pauvre lait. Dans ces conditions il se pourrait même que les protéines de ce lait-là soient à l’origine des intolérances de plus en plus nombreuses au lactose. Dommage, aliment creux.

Ouf, il existe des éleveurs qui ont détricoté cet enchaînement malheureux pour revenir à une production plus sensée. Avec le choix de races de vaches moins productives, mieux nourries, mieux « traitées » et qui nous offrent des laits qui ont du goût, de l’épaisseur, de la crème, de la couleur et bien plus riches en acides gras de type oméga 3. Le circuit court étant une des clés pour que ce bon (vrai ?) lait nous parvienne avec toutes ces qualités retrouvées.

Le pain

Des centaines de variétés de blés ont étaient délaissées pour laisser la priorité à des variétés choisies ou nouvelles, plus productives. Les nouvelles élues correspondant mieux à une production industrielle (le pain fabriqué par des machines nécessite des protéines plus résistantes) favoriseraient dans le même temps l’intolérance au gluten. Les farines raffinées (blanches), en perdant l’enveloppe autour du grain et le germe, perdent ainsi nombre de leurs éléments nutritifs. Plus le pain est blanc, plus il est pauvre, plus il est creux ! Un concentré d’énergie pour une misère de nutriments. Une hérésie quand on sait que le blé est naturellement riche en minéraux, vitamines et fibres. Passons (ou pas) sur les nombreux traitements chimiques pendant la culture et ceux qui facilitent le stockage. Au pays du pain, on croit manger du pain, pensant à toutes ses qualités d’antan. Le fourbe, l’aliment creux !

Pour le pain, les procédés de fabrication s’ajoutent aux problèmes liées à la matière première. La fermentation nécessite un certain temps – un temps certain – pendant lequel des modifications bénéfiques s’opèrent. Vouloir accélérer ou rationaliser le processus de fabrication, c’est oublier le rôle du levain. C’est là que les mécanismes liés à la fermentation s’enclenchent, comme la création de la précieuse phytase. Conséquence ? Des protéines mal déstructurées et difficiles à digérer par l’organisme. Au pays du pain, par habitude, cliché, coutume ou pour la carte postale, on frise « la  catastrophe nutritionnelle », comme le dit gentiment Denis Lairon.

Heureusement, des paysans ont eu la bonne idée de décortiquer tout cela pour reconstituer une chaîne de production plus heureuse, plus courte et respectueuse ; et l’on trouve ici et là de belles initiatives de paysans-boulangers.

Plutôt un aliment plein une fois de temps en temps, qu’un aliment creux tous les jours. Plutôt la sobriété que cette opulence trompeuse.

D’après l’émission révélation Terre à Terre, Ruth Stégassy, France Culture, du 27 juin 2015, « Du pain… », avec Denis Lairon. La révélation ;)