Ce carnet en ligne porte déjà depuis longtemps la marque de ce travail : explorer les liens entre les hommes et leurs terres, nourricières. Ce sujet me passionne, il ne cesse de révéler le sens, les sens, de « se nourrir ». A chaque lieu, à chaque climat, à chaque pente, à chaque altitude et à chaque famille, tribu, corporation ses usages. Conscients ou non. C’est merveilleux à observer. Riche. Infini. Inspirant.

Dans la catégorie « exploration », il y avait bien la région de mon enfance qui m’appelait. J’ai longtemps tourné autour, hésité, jusqu’à trouver ce motif, ce prétexte géographique du fleuve. Le fleuve Charente. Un tracé qui s’affranchit des frontières administratives pour révéler un pays. Alors j’y suis allée, pour enquêter sur les nourritures du fleuve.
La Charente
C’était une douce aventure, 385 km à pied, en avril 2021, avec mon fils Gabin qui avait alors 9 ans. Un sac à dos, une tente, une casserole, un couteau, un carnet, et hop hop hop.

385 km à pied
Des sources à l’estuaire, j’ai senti les paysages de la tête aux pieds. Et j’ai demandé partout : « qu’est-ce qu’on cuisine ici ? Et qu’est-ce qu’on cuisinait avant et que l’on ne cuisine plus maintenant ? Ta recette préférée ? Celle des jours de fête ? Celle de tous les jours ? etc. » Et même quand la mémoire est partie bien loin, on est étonné de voir ce qui, sensiblement, réapparait, ça et là.

Un objet un peu parti en désuétude, le beurrier charentais. Modeste et génial ; on va le rééditer.
Le geste d’activer le feu pour la cuisson des anguilles avec son chapeau ; on le refera, pourquoi pas.
L’éclade, un plat, que dis-je, un instant dans les paysages, avec deux ingrédients ; c’est si beau.
Le farci (dont j’ai déjà parlé ici), c’est le bon sens du paysan charentais, viennois, limousin.
Cueillir, sécher, conserver ; plus que jamais.
Alors après cette marche, je suis retournée, revenue pour prolonger quelques pistes. J’ai pris une leçon de beurre à la ferme, une leçon de galette charentaise après celle de l’angélique confite, j’ai cueilli à d’autres saisons, repris toutes ces notes, fouillé dans les précieux carnets de ma grand-mère Marie-Louise.
Maintenant, tous ces souvenirs, récits, idées, tours de mains, objets collectés, ils sont réunis dans un livre, Le goût d’un fleuve, la Charente. Impossible de ne pas vous le proposer en direct. Avec la folle intention de vous retrouver, de vous rencontrer, de marcher avec vous le long du fleuve, encore ! De cuisiner ensemble, de partager cette expérience de multiples façons. Pour contribuer, il y a cette cagnotte en ligne, qui est la première étape : éditer le livre. Merci d’avance de vos soutiens en tous genres !

Les photographies, ici comme dans le livre, sont de Günther Vicente.
Vous en saurez plus sur le fleuve, l’aventure, le livre, en suivant mon compte instagram https://www.instagram.com/le_luxe_est_dans_la_nature/